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roses-d-acier

Problématique soulevée

Dans les différentes formes que recouvre le spectacle, les écritures font désormais appel à différents media qui peuvent être gérés par informatique, dont les principaux sont le son, la lumière et la vidéo. On mentionnera aussi le plateau, dans ses dispositifs motorisés et pilotables.
La coexistence de ces media suppose leur coordination, qui dans le spectacle vivant est de plus relative au jeu des acteurs, et ceci doit se faire dans un scénario global. Actuellement, le scénario n’est qu’une transcription de plusieurs conduites indépendantes : il n’y a aucune action possible depuis ce scénario vers les media. Chacun des media dispose de ses outils propres, et gère indépendamment des autres sa temporalité à l’intérieur d’un projet commun où sont fixés des rendez-vous : les tops ou cues.
Peut-il exister un logiciel qui permettre d’écrire un scénario ‘actif’ sur l’ensemble des media ? Quelle en serait la forme, et à qui s’adresserait-il ? Comment se décrit la temporalité d’un spectacle dans un tel scénario ?
Ces questions sont à la base des projets successifs Virage et OSSIA et ont permis de développer un moteur de gestion du temps, une interface logicielle, et un protocole d’échange depuis cette interface avec les différents outils utilisés dans chaque régie.
La version actuelle de ce logiciel est i-score 0.2.

Un autre aspect des temporalités

La base d’i-score est la définition de relations temporelles et/ou conditionnelles entre actions. Ceci est plus souple que la simple logique d’enchaînement de Cues que l’on trouve sur la plupart des séquenceurs actuels, dont un exemple simple est la gestion des séquences d’un jeu d’orgue.
Ainsi, à l’intérieur d’une trame globale, les media peuvent évoluer entre deux rendez-vous selon des rythmes différents mais écrits au même endroit.
La gestion de rythmes différents est importante parce que les perceptions d’effets son, lumière ou vidéo sont physiologiquement différentes. Il existe de ce fait des temporalités subjectives liées à la mise en jeu de ces effets. Et tous ces effets, dans le cadre du spectacle vivant, sont aussi sujets à une logique temporelle liée au jeu humain des artistes. L’écriture globale des media est donc nécessaire.

Les scénarios de test

Le champ d’application d’i-score peut et veut être large. La recherche est portée par un centre de recherche en informatique musicale, mais dès le projet Virage qui a précédé OSSIA, le GMEA s’est entouré de représentants de diverses formes d’application des outils communs de gestion des media.
Afin de conduire ces travaux, le projet Ossia réunit un consortium d’acteurs issus de la recherche institutionnelle ou privée, de l’industrie ou œuvrant dans le domaine de la création : le Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique (LaBRI), le GMEA – Centre National de Création Musicale d’Albi-Tarn, l’École Nationale du Jeu et des Médias Interactifs d’Angoulême (ENJMIN) et les sociétés Galamus, Blue Yeti et RSF. Il s’inscrit par ailleurs dans un réseau de nombreux collaborateurs liés à la création ou encore à l’enseignement et la formation.
Un terrain d’application semble cependant plus complexe que tous les autres : le spectacle vivant. Sur ce terrain, les écritures techniques sont collectives, les outils sont nombreux, les usages sont fortement ancrés, et surtout l’écriture finale n’est pas liée seulement aux aspects techniques.
C’est pourquoi l’ISTS et l’ENSATT ont été déclarés comme partenaires pour mener des chantiers d’expérimentation autour de phases de création théâtrale.

Le projet commun de l’ISTS et de l’ENSATT

Il a été décidé de mener en plusieurs étapes un projet commun aux deux partenaires représentant le champ du spectacle vivant. La première étape s’est déroulée à l’ISTS en mars 2015, la deuxième à l’ENSATT en juin 2015. La dernière étape dans le cadre des Rencontres Professionnelles du Festival d’Avignon se déroulera du 4 au 8 juillet, avec une présentation au public de l’ensemble des travaux menés dans le cadre du projet.

L’objet de recherche des expérimentations

La question principale qui est posée dans ces chantiers d’expérimentation est : comment i-score peut-il être un outil d’écriture scénique pour le spectacle vivant ?
Pour y répondre, des contraintes ont été fixées. Contraintes techniques d’abord, avec le principe d’une scénographie incluant son, lumière, vidéo et plateau. Contraintes artistiques ensuite : présence d’une équipe artistique réduite, comprenant un seul interprète et un metteur en scène. Et surtout, un paradigme : aborder une étape de travail en création en posant d’abord des enjeux artistiques, auxquels le logiciel doit se soumettre.
Les critères d’évaluation ont été établis en fonction de l’avancement du projet de développement, en concertation avec les développeurs du LaBri et la coordination du projet. Dans ces étapes, les retours d’expérimentation permettent ainsi de valider ou d’infirmer des choix de développement qui ont été faits dans la version actuelle, pour permettre d’optimiser la développement de la version finale qui sera livrée à la fin du projet, en septembre 2016.
Les résultats des chantiers sont donc traduits en améliorations du cahier des charges de développement d’i‑score.
En parallèle, pour l’ISTS et l’ENSATT, ces expérimentations permettent d’observer les pratiques de régisseurs face à un outil qui leur paraît très prometteur pour gérer au mieux les régies complexes (transmédiales) auxquelles ils sont confrontés. Le retour d’expérience de la metteuse en scène et de la comédienne donnent aussi des informations sur le lien qui peut exister à travers cet outil entre l’écriture dramatique et la technique associée.

Les artistes associés

La metteuse en scène associée est Célie Pauthe (directrice du CDN de Besançon), qui a choisi de travailler avec une de ses actrices habituelles, Judith Morisseau. Célie conçoit ses mises en scène de bout en bout avec l’environnement technique, et s’entoure d’équipes de création en son, lumière, vidéo et plateau. Elle a compris l’enjeu que peut représenter un logiciel d’écriture globale, et est très intéressée pour l’appréhender.
Cette étape de création théâtrale est portée par Célie Pauthe et Judith Morisseau. « Roses d’acier » est un projet d’après « Le rêve du Papillon » de Guan Hanqing et de témoignages des Marcheuses de Belleville. C’est le début d’un travail qui pourrait se développer et trouver une forme théâtrale finale.
Dans cette étape, la pertinence de l’enjeu artistique convient tout à fait aux besoins d’expérimentation. Le logiciel permet-il d’être suffisamment réactif pour suivre les tâtonnements nécessaires en création ? Apporte t’il la souplesse attendue dans la gestion des media ? Permet-il d’avoir une trame globale de la séquence théâtrale, et améliore t-il la relation entre les régisseurs et la mise en scène ?

Les techniciens

Pour ces étapes de travail, ont été choisis des régisseurs compétents dans plusieurs domaines de régie, familiers avec la gestion des réseaux de communication et le protocole OSC, et aptes à développer des modules applicatifs sur Max. Les régisseurs associés à ces chantiers sont :

  • Benjamin Nesme, régisseur vidéo et lumière
  • Stéphane Morisse, régisseur son
  • Benjamin Furbacco, régisseur son et plateau
  • François Weber, régisseur vidéo et son, en charge du partenariat avec l’ENSATT
  • Jean-Louis Larcebeau, directeur de la formation à l’ISTS

8 juillet : ouverture au public dans le cadre des Rencontres Professionnelles

Le travail artistique mené par Célie Pauthe et Judith Morisseau, base du chantier d’expérimentation, sera présenté deux fois, à 11h et 16h. À la suite de la présentation du matin, l’équipe ayant travaillé sur ce chantier se tiendra à disposition du public pour discuter des relations que chacun, artiste ou technicien, a eu dans ce travail avec le logiciel i-score.
Les coordonnateurs du projet seront aussi présents :

  • Thierry Besche, directeur du GMEA (Centre National de Création Musicale d’Albi)
  • Théo de la Hogue, Ingénieur multimédia chargé du développement et de la recherche au GMEA

Ils présenteront l’historique de ce projet, et les développements associés : Jamoma, i-score. Une version actuelle de i-score, préfiguration de la version finale du projet, sera aussi accessible en démonstration.
L’après-midi, des ateliers seront animés par Benjamin Nesme, François Weber, Théo de la Hogue et Jean-Louis Larcebeau, autour d’applications du logiciel à différents moteurs (vidéo, son, lumière).

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