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« Le logiciel live et le spectacle vivant »
Entretien avec Stéphane MORISSE, régisseur son et responsable de cette formation à l’ISTS

L’ISTS propose, du 30 janvier au 3 février 2017, un stage de perfectionnement autour des possibilités offertes par le logiciel LIVE. Résolument ouvert à une pluralité d’utilisations dans de multiples contextes (concert, théâtre, installation sonore…) ce stage offre une vue d’ensemble des possibilités de traitement et dispositifs de commande offerts par le logiciel. Il s’adresse aux techniciens et créateurs son du spectacle vivant mais aussi aux musiciens et créateurs son dans les domaines des arts plastiques et de la vidéo.
Ableton Live
En quoi Live répond-il aux attentes des professionnels du Spectacle Vivant ?
S.M. : « Lancé en 2001, le logiciel Live d’Ableton s’est tout de suite positionné dans le monde des séquenceurs numériques sur l’utilisation sur scène parallèlement à une utilisation studio. A l’époque, tombant sur un article dans le magazine anglais Sound on Sound et travaillant avec un sampler hardware, je me suis tout de suite dit que cela pouvait déboucher sur des applications nouvelles. Le simple fait de pouvoir instantanément essayer un matériau donné à des tempo différents et de changer la tonalité des fichiers à la volée de façon indépendante était révolutionnaire. En tous cas, cela faisait de lui un « instrument ». Alors que les autres logiciels (Cubase, Logic, Pro Tools,…) jouaient un arrangement pré-défini, il devenait possible d’improviser avec de la matière audio et des effets. Je me souviens qu’il y a quelques années, un ami musicien qui travaillait avec Logic m’avait demandé de venir regarder comment je travaillais avec Live parce qu’il ne voyait pas l’intérêt de cette approche. Au bout de dix minutes de création en direct d’une pièce sonore improvisée avec des sons et des instruments virtuels que j’ajoutais au fil de l’eau, il m’a demandé comment il était possible de faire ça, sachant qu’il était obligé d’arrêter la lecture à chaque fois qu’il ajoutait un instrument pour que son ordinateur, pourtant puissant, ne « plante » pas. J’avoue que je ne me posais plus la question, tellement cette façon de travailler était devenue naturelle pour moi.
Concrètement, comment s’agence cette multiplicité de situations d’utilisation ?
S.M. : Initialement uniquement dédié à l’audio, Live a intégré la gestion du MIDI et donc des instruments externes et virtuels dès sa version 4. Ses fonctions clairement orientées live l’ont fait adopter dès le départ par la musique électronique mais aussi par les régisseurs et créateurs du spectacle vivant. Il était en effet possible dès la version 1 de lancer des fichiers audio synchronisés et de manipuler les effets via des contrôleurs audio ou le clavier d’ordinateur. La logique non linéaire d’une de ses deux fenêtres principales (la fenêtre Session) s’est aussi imposée très rapidement comme un parfait outil de régie.
Comment Live se nourrit-il des retours par les utilisateurs ?
S.M. : Les créateurs du logiciel, eux-mêmes musiciens et créateurs son, très à l’écoute de leur base d’utilisateurs, qu’ils soient musiciens, régisseurs, performers, ont rapidement intégré les demandes variées en termes de fonction et d’ergonomie.
Annoncée en 2007, avec un lancement en 2009, la collaboration avec Cycling 74, les éditeurs du logiciels MAX / MSP / Jitter a fait exploser les possibilités de Live. Par un ensemble de périphériques intégrés à Live dans une nouvelle couche baptisée Max For Live, il est désormais possible de piloter la quasi-totalité des fonctions du logiciel de façon interactive. Par exemple faire varier un son avec la présence et le déplacement d’un élément de couleur sur le plateau, ou en détournant la webcam de l’ordinateur, de déclencher et spatialiser des événements sonores et visuels (vidéo ou image 3D) via des capteurs ou des paramètres sonores, d’actionner des moteurs avec des cartes Arduino. On peut aussi gérer de la lumière ou communiquer clairement avec d’autres régies par le MIDI ou le protocole réseau OSC. Bref, de logiciel purement audio, Live est devenu une boîte à outils extrêmement versatile.
Quelle traduction en termes de formation ? Pour quels publics ?
S.M. : Avec les modules de formation sur ce logiciel (Le logiciel Live et le spectacle vivant et Max For Live), l’ISTS élargit son offre de formation au-delà des fondamentaux du métier de régisseur son. L’idée est de proposer une formation de base de 5 jours au cours de laquelle on fait un tour d’horizon très complet, de la prise en main de l’interface à l’utilisation avancée des effets, des instruments virtuels ou des automations. À celle-ci s’ajoute des modules avancés plus courts, comme « Max For Live », qui se déroulera au mois d’avril sur 5 jours, et permettra de découvrir ou approfondir les bases de la programmation avec Max et l’intégration dans Live pour des projets particuliers. Les participants viennent d’horizons divers : régisseur et créateur son pour le spectacle vivant, mais aussi Dj et producteurs de musique électronique ou non. La rencontre de ces univers différents est un plus car les approches sont très variées, et les demandes des uns et des autres, ainsi que les solutions apportées enrichissent leurs pratiques respectives. Pour moi, c’est aussi un des enjeux de la formation. »

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